mardi 4 février 2014

My princess, aka l'homme ou la couronne

Salut à tous et à toutes ;
Après une longue absence sur ce blog, je vais aujourd'hui vous parler d'un syndrome terrifiant dans le monde de la comédie romantique. Si je me concentrerai sur le drama My Princess pour exprimer mon propos, c'est uniquement parce que je viens de le terminer et que je l'ai parfaitement en tête.
Car en réalité, si My Princess souffre de ce mal, c'est une grosse partie de l'industrie qui est atteinte...

Genre : romance
épisodes : 16
Starring : Song Seung Hun (Park Hae Young), Kim Tae Hee (Lee Seol), Park Ye jin (Oh Yoon Joo), Ryu Soo Young (Nam Jung Woo)

L'histoire, en bref :
Lee Seol est une enfant adoptée qui mène une vie d'étudiante tranquille. Park Hae Young est le petit-fils d'un grand patron de l'industrie, et travaille comme diplomate. Alors que ce petit monde vit une vie relativement banale, la Corée est secouée par un évènement : une descendante de la famille impériale existerait. Park Hae Young est chargé de la retrouver ; il s'agit (je vous le donne en mille) de Lee Seol, qui va voir sa vie basculer du jour au lendemain. Alors que les deux vont apprendre à se connaître voire à s'apprécier, une petite ombre au tableau : en effet, si Lee Seol accepte de devenir princesse, Park Hae Young se verra privé de toute sa fortune.

Dans cette histoire, on va retrouver un quatuor amoureux un peu (si peu) atypique, et des histoires d'amour mais aussi de politique (celles-ci nous lasseront vite en vérité).
Ce genre de scénario, on l'a déjà vu quinze fois, dans des livres, des films, des séries (qu'elles soient ou non asiatiques). Je dois l'avouer, je ne suis à la base pas une grande fan de ces histoires à base de "c'est dur d'être une princesse". Mais les acteurs sont bons, les musiques correctes. C'est un drama qui se laisse regarder, mais qui au bout du 12e épisode commence à tourner en rond. Précisons que la série aurait largement, largement pu (du?) s'arrêter au 14e épisode, qui avait ma foi l'air d'une fin .

Attaquons maintenant le fond du problème : l'héroïne.
Playful Kiss. Que sera sera. Lee Soon Shin. Fated to Love You. Je ne sais même plus. Des centaines et des centaines. Il y en a tellement.
Quand va-t-on arrêter de nous pondre des héroïnes pareilles ? Ces filles représentent le cliché abominable de la femme, et je commence a vraiment avoir du mal avec les dramas qui véhiculent cette idée. Je me calme, je reprends.
Lee Seol est une jeune étudiante, normale, elle est censée être comme vous et moi. Elle l'est, au début. Puis elle devient une princesse. Elle met des jupes, des hauts talons, des fleurs partout (est-ce que, tous les jours, vous mettez des fleurs sur vos tenues?). Passe encore. Elle tombe amoureuse d'un bel homme (comme vous et moi). Et là, c'est le drame : il nous faut un prince. Donc, il nous faut une demoiselle en détresse. Qu'à cela ne tienne! Un complot politique, des gens méchants (mais surtout des filles, jalouses) qui lui veulent du mal. Le héros va sauver cette pauvre princesse, qui ne comprend rien, et qui pleure tout le temps. Mais ça ne vous fait pas mal, de toujours voir des héroïnes qui pigent rien à ce qui se passe, qui font tout le temps des bourdes (en voulant bien faire évidemment!) et qui pleurent ensuite sur les pots cassés? 
Une héroïne est la protagoniste de l'histoire. C'est histoires sont faites pour les filles. Est-ce que c'est pas nous prendre pour des gourdasses d' "inventer" (et surtout réutiliser) un personnage beau comme un coeur, c*n comme ses pieds et qui n'a d'égal pour chouiner et crier au secours? 
Je sais qu'un grand classique du drama est aussi d'utiliser cette bêtise à l'infini pour se faire prendre au piège du méchant/ de la méchante. Exemple : A est l'héroïne, B est jalouse, B raconte des bobards sur le garçon C à A qui gobe tout ; créant un qui-pro quo, résolu par C (évidemment). A fait confiance à C. Mais sur ce, B revient et ajoute un bobard à son histoire, ou bien parle plutôt de la meilleure amie de A. A pleure, "c'est pas possible, tout le monde m'a donc menti (sauf B)?". Avouez que vous voyez de quoi je veux parler. 
Je trouve ça vraiment frustrant, et insultant, qu'une héroïne à laquelle on est censé s'identifier véhicule autant de stéréotypes idiots. La bêtise, le désintérêt total pour les affaires "compliquées" de politique, la naïveté la plus crasse au monde, et la tendance à verser uniquement dans les émotions à la limite de l'hystérie. 
Une héroïne est censée évoluer. Ici Lee Seol dit qu'elle va changer, faire mieux son boulot de princesse. Elle apprend seulement (et c'est un comble) à pas ouvrir trop grand sa bouche sous peine d'encore mettre en danger toute la famille impériale. Ces personnages disent qu'ils vont évoluer, et c'est un mensonge

Ca nous emmène aussi au second problème, le personnage du chevalier servant. Ici Park Hae Young doit constamment sauver mademoiselle, ce qui en fait le rend amoureux. Déjà, je trouve le concept un peu dégueulasse, monsieur doit flatter son ego pour ressentir de l'affection. Mais bon. Le problème, c'est la manière d'aider. Et en général, c'est en l'écartant de toute l'histoire.
Est-ce que, quand un problème sérieux, important vous concerne, vous aimeriez vraiment que votre copain arrive et dise : oublie tout ça, je m'en occupe ? Moi non. Moi je veux qu'on me renseigne. Mais toujours, toujours dans ces histoires, l'homme essaie de tout résoudre par lui-même et taisant un maximum de soucis. De plus comme le drama doit quand même durer 16 épisodes en général, il ne faut pas qu'il y arrive complètement, ce qui emmène au 2e, 3e, énième problème. Est-ce que, particulièrement quand on sait pas faire, ça tuerait de demander conseil à l'intéressée ?
Encore une chose : comme l'héroïne se fout dans des situations pas possibles, il lui fait bien remarquer quand il en a marre de mettre sa position en jeu pour la sauver. Et il explique bien, en gros ça donne : tu es idiote, quand arrêteras-tu de causer des catastrophes, tu n'es pas assez maligne pour être une princesse, tu vas causer des soucis à tout le monde. Arrête de faire des choses sans réfléchir. Et... il a raison! Son analyse et la mienne sont à peu de choses près pareilles. Seulement dans une situation pareille, comment peut-on s'expliquer que les deux ressentent de l'amour l'un pour l'autre ? Lui passe son temps à prendre des risques pour elle, et elle passe son temps à se faire insulter... pourquoi ne se détestent-ils pas? Je ris volontiers du classique "le coeur a ses raisons que la raison ignore" : La raison n'est pas indépendante du coeur pour autant, et si votre copain vous insulte tous les jours vos sentiments ne devraient pas tarder à changer. En l’occurrence après une dispute où je me fais traiter d'abrutie qui devrait apprendre à la fermer, je ne reviens pas la bouche en coeur 10min plus tard. Pour résumer, la romance ne passe pas par des rapports de force.

Maintenant que j'ai dit tout ça, voilà le final. Si vous êtes d'accord avec mon propos (un peu virulent je vous l'accorde), vous êtes féministe. Car le féminisme n'est pas pour les femmes ni contre les hommes, mais pour l'égalité entre être humain. Et ce genre d'égalité ne s'obtient pas par l'émission de clichés. My Princess n'est pas à lui seul la cause de cette inégalité. Le problème, c'est leur nombre. Si 70% des comédies romantiques ne présentaient pas cette image de la femme, on pourrait dire que c'est le caractère du personnage. Mais à 7/10, cela perpétue un cliché.
Bien sûr, cela ne veut pas dire que tous ces dramas sont à mettre à la poubelle : ils peuvent tout de même avoir des scènes agréables, de bons acteurs, et une bonne réalisation. Ce n'est pas un crime que d'en aimer certains, loin de là. Mais si on ne proteste jamais, l'industrie ne change pas.

Pour terminer sur My Princess spécifiquement, combiné à ces personnages stéréotypés et creux, j'ai eu un autre souci : à moment donné le héros, torturé entre sa fortune et son amour, demande à sa copine d'abandonner la couronne. Et ça, c'est quasiment un problème qui touche au scénario. Je réitère : le héros demande à son amoureuse de renoncer à sa vie de princesse, afin qu'ils puissent sortir ensembles. Ici on n'a pas l'habituel problème de la famille qui refuse, ils n'y a aucun interdit de relation. J'ajouterai même que s'ils se marient, ils pourront partager leur fortune comme leur bonheur. Mais il balance cet ultimatum, avec des yeux très tristes quand même, comme s'il ne pouvait vraiment pas supporter que sa copine porte la culotte. Est-ce que ce personnage est un c*nnard ou bien le réalisateur a inventé une tension de dernière minute ?

Mais alors, quelles solutions ?
Tout d'abord, pour ouvrir les yeux : dans une comédie romantique, prêtez attention à l'héroïne et son caractère : est-il réaliste ? Et si oui, faites aussi attention aux changements quand la relation avec le héros se développe.
Et pour les travailleurs dans l'industrie du drama ? Plutôt que d'utiliser à l'infini le même prototype d'héroïnes qui ne savent pas réfléchir et seulement pleurer, inventons des personnages. Des réalistes, ni 100% noirs ni 100% blancs. La naïveté excessive peut éventuellement être mignonne, ce n'est pas une qualité à primer. I Need Romance 1, 2, et même 3 qui est diffusé en ce moment, proposent des héroïnes imparfaites, auxquelles on ne peut pas complètement s'identifier, mais ont de vrais reliefs. Queen of the Office présente une femme qui travaille dans l'équivalent des CDD ; elle a des qualifications incroyables, gère tout et sauve l'entreprise... malgré son caractère asocial et un peu marginal, elle reste une femme qui gère et qui ne joue pas la méchante pour autant... et vous verrez, c'est rare.
En plus, c'est un excellent drama ^^

En résumé, pour les fainéants (je les comprends) :
  • Les comédies romantiques visent principalement un public féminin, et présentent souvent une héroïne à laquelle nous devons nous identifier. 
  • Peu capables, naïves, et trop souvent clichés de la "demoiselle en détresse", elles reflètent hélas un piètre idéal à atteindre.
  • Leur partenaire est aussi trop souvent un protecteur au sens restrictif du terme, l'enfermant dans une cage dorée censée représenter la romance idéale. L'image de l'homme (prétentieuse) comme celle de la femme (frêle) en sont ternies.
  • Niveau réalisation, je pense qu'il est important de changer ces codes qui, en plus d'être des stéréotypes insultants, ne présentent plus aucune originalité de scénario/de couple. Il faut faire l'effort de réfléchir réellement aux personnages pour que, quitte à perdre un peu d'identification, on les apprécie pour leurs qualités comme leurs défauts...! On veut du reflief!
  • Et si vous voulez des exemples de dramas qui s'éloignent justement de ces codes, je conseille Queen of the Office, I Need Romance (2 et 3), ou dans les japonais Love Shuffle !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire